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Le souvenir de la Grande Guerre à l’École des Mines de Saint-Etienne

Information générale

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29/09/2025




C’est le 7 mai 1921 que l’École des Mines de Saint-Etienne, fondée en 1816, célébra son centenaire.  

Il est vrai qu’en 1916, la période ne se serait pas prêtée à de telles festivités : pays en guerre, École fermée dès 1914, élèves et diplômés au front. Auréolées par la gloire de la victoire autant qu’endeuillées par les ravages de la Grande Guerre, les commémorations de 1921 honorèrent la réussite d’un établissement centenaire aussi bien que l’héroïsme et les souffrances de ses combattants, disparus ou blessés, au printemps de leur vie, pour beaucoup d’entre eux.   

Un ouvrage parut alors, qui rendit spécialement hommage à ces combattants. C’est le livre d’or que leur consacra le général Edouard de Castelnau, brillant général d’armée, homme politique de premier plan, rallié plus tard à la France Libre et à la Résistance. Son fils Michel, diplômé en 1918, fut lui-même blessé et prisonnier. Le recueil du général de Castelnau est une référence historique exhaustive sur le destin de chaque combattant, mais il reste aussi et surtout un document profondément humain qui relate les principaux moments de la Grande Guerre à travers l’engagement, les combats, les actes héroïques ou la tragédie de plusieurs centaines des enfants de l’École.  

En conclusion de la préface de son mémorial, le général adresse aux générations actuelles et futures de diplômés un message tout simple mais très exigeant : souvenez-vous ! Souvenez-vous toujours ! Souvenez-vous éternellement !  



Même si beaucoup s’arrêtent là dans leur lecture, ou ignorent même jusqu’à l’existence de ce livre d’or, cette recommandation résonne comme un appel au devoir, digne de susciter une promesse de mémoire chez ceux qui la reçoivent.  

L’École des Mines de Saint-Etienne s’est-elle sentie, même inconsciemment, engagée par cette promesse non formulée ? S’est-elle souvenue et se souvient-elle encore de la période 14-18 ? Parcourons à grands pas son histoire à la manière de Georges Pérec. Que le maître nous pardonne ce plagiat pour la bonne cause ! 

Je me souviens des 582 élèves ou anciens élèves qui furent mobilisés alors, dont 143 moururent au combat. Je me souviens des 53 décorations de Légion d’Honneur, des 316 Croix de guerre, des 77 citations à l’ordre de l’armée qui les distinguèrent. 

Je me souviens aussi, qu’à cause de l’atermoiement de certains politiques, de nombreux diplômés ne purent servir comme de juste dans le Génie et furent envoyés au feu en tant que simples fantassins. L’École détient ainsi, parmi ses homologues, le glorieux mais funèbre record de morts au combat dans cette guerre, dont plus de 60 dans les premiers mois du conflit. 

Je me souviens particulièrement de trois copains, natifs de la Loire, Maurice, Jean-Claude et Gabriel. Tout fiers de leur réussite au concours d’entrée à la grande École de St Etienne, ils devaient se retrouver pour une grande fête à la rentrée de 1914. Leur projet dut être reporté. La mort faucha Maurice le 4 avril 1917 dans l’Aisne. Quant à Jean-Claude et Gabriel, ils survécurent, bien sûr. Mais, après tant de campagnes, ce ne furent plus deux garçons insouciants, mais deux hommes endeuillés qui reprirent place sur les bancs de l’École, entre 1919 et 1920, aux côtés de gamins fraîchement recrutés, avec lesquels ils n’avaient plus grand-chose à partager. 

Je me souviens de l’Amicale des Anciens Élèves qui, pendant les quatre années de guerre, assura scrupuleusement le contact entre les diplômés, grâce à ses circulaires publiées chaque mois, relayant ainsi les demandes de secours, soutenant moralement et financièrement les familles, honorant les morts et les blessés dont les listes terribles s’enrichissaient à chaque parution. 

Je me souviens aussi que la même Amicale mit à disposition de la Croix Rouge son Hôtel des Ingénieurs, ancien haut lieu de rencontres officielles ou festives, cérémonies et galas, devenu pour quatre ans un hôpital de 80 lits traitant près de 2000 blessés de guerre. 

Je me souviens enfin des honneurs que la Nation rendit à l’École et à ses élèves : le 20 juin 1926, la Croix de Guerre, remise par le maréchal Fayolle, le 22 octobre 1933, la Légion d’Honneur, par le Président Albert Lebrun. 



Plus de cent ans après, de qui, de quoi se souvient-on encore ? 

Je me souviens de l’émotion qui nous étreignit lors de la commémoration organisée 11 novembre 2014. Les noms des 143 morts de la Grande Guerre furent proclamés tour à tour par les élèves des promotions d’alors, revêtus de l’uniforme traditionnel, de nouveau en vigueur et désormais arboré à chaque commémoration officielle.  

Je me souviens du monument aux morts de la Grande Guerre, d’abord établi dans l’Hôtel des Ingénieurs, siège de l’Amicale, puis déménagé dans les locaux que l’École occupe depuis 1927. Subissant la patine du temps, il était devenu illisible et gagné par l’oubli. Je me souviens que le 11 novembre 2015, il fut restauré et complété par les morts de la deuxième guerre mondiale, d’Indochine et d’Algérie, côtoyant également les victimes du devoir professionnel. Désormais, le visiteur ne peut le manquer, l’œil attiré dès son entrée à l’École par le scintillement doré des noms gravés dans le marbre qui l’interpellent par-delà le temps. 

Le message du général de Castelnau résonne encore aujourd’hui. Que la promesse de mémoire qu’il nous a léguée continue à être honorée pour longtemps ! 


Pour Mines Saint-Etienne Alumni 

Michel Cournil (E 1970) 

Septembre 2025 

 




 

 



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