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Tristan Lecourtois de retour de la NASA

Portraits

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18/09/2025


Bonjour Tristan, 


Vous revenez d'un stage de 4 mois à la Nasa, au Jet Propulsion Laboratory. Vous avez travaillé au sein de l'équipe AI and Data Analytics. Pouvez-vous nous en dire plus ? Quel a été votre rôle et quelles ont été vos réalisations et contributions ? 


J'ai eu l'opportunité de travailler sur ROSA (Robot Operating System Agent), un agent robotique intelligent développé par le JPL pour améliorer l'interaction entre les humains et les robots, via le langage naturel, et l’utilisation des LLM (Large Langage Model). Mon rôle principal était d'intégrer des systèmes de mémoire épisodique (ie : l’ensemble des expériences vécues) inspirés de la cognition humaine dans ROSA, permettant au robot de se souvenir et d'apprendre de ses expériences passées (succès ou échecs). Ce projet est totalement open source. 

Ma principale contribution a été de démontrer que ROSA avec mémoire surpasse la version de base. Ce travail fera l'objet d'une publication à la conférence ICRA 2025, l'une des conférences les plus prestigieuses en robotique. 


Quels sont les principaux défis (techniques, humains, organisationnels, …) que vous avez dû relever ? Comment vous y êtes-vous pris ? 


J’ai eu trois types de défis : des défis techniques, des défis autour de la communication, et des défis organisationnels. 

Un des principaux défis a clairement été la rapidité avec laquelle le domaine de l’IA évolue. De nouvelles architectures, méthodes et outils apparaissent quasiment chaque semaine, ce qui impose de se tenir à jour en permanence. Pour y faire face, j’ai adopté une démarche proactive : lecture régulière de nouveaux papiers de recherche, suivi de conférences et workshops, ainsi qu’une veille technologique structurée. Cela a demandé beaucoup d’efforts les deux premiers mois, puis cela a été plus simple dès que j’ai bien avancé dans mon travail. 

J'ai également dû présenter mon travail à des audiences variées, depuis des experts en IA jusqu'à des non-spécialistes, nécessitant d'adapter constamment mon niveau de vulgarisation.  

Sur le plan plus technique, j’ai également dû travailler avec ROS, un framework de robotique que je n’avais jamais utilisé auparavant. Cela a représenté une vraie courbe d’apprentissage, car il fallait à la fois assimiler son fonctionnement, sa logique de communication entre nœuds, et l’intégrer avec mes modules d’IA.  

Du point de vue organisationnel, mon superviseur travaillait principalement à distance (le JPL autorisait, à cette période, jusqu’à 3 ou 4 jours de télétravail par semaine), ce qui m'a obligé à prendre l'initiative d'organiser régulièrement des points en visioconférence et à être très autonome dans la gestion de mon projet.  


Au cours de ce stage vous avez certainement mis en œuvre des connaissances acquises à l'école. Pouvez-vous nous dire en quoi votre formation vous a aidé à réaliser les missions qui vous étaient confiées ? 


J’ai travaillé sur des technologies de pointe qui vont bien au-delà de ce que l’on étudie à l’école. Les enseignements m’ont donc surtout servi de socle technique pour aborder rapidement de nouveaux concepts et être capable d’assimiler des approches récentes issues de la recherche. En pratique, j’ai dû beaucoup m’auto-former à travers des papiers, de la veille technologique et des expérimentations pour mener à bien mes missions : ma formation (prépa et Mines Saint-Etienne) m’a permis d’apprendre à apprendre. 


Qu'avez-vous appris au cours de ces quatre mois ? Y a-t-il des technologies spécifiques que vous voudriez souligner ? Comment ce stage a-t-il enrichi votre parcours d'élève-ingénieur ? 


J'ai acquis une expertise approfondie dans des technologies de pointe : ROS pour la robotique, les modèles de vision par ordinateur (DINO, SAM, RAM), les architectures d'agents ReAct (Reason and Act : à partir d’une demande reçue, ces agents sont capables de raisonner, et de choisir le meilleur outil pour réaliser la tâche qui leur a été confiée), et les systèmes de mémoire cognitive. J'ai également appris à maîtriser l'écosystème de recherche en IA, de la lecture d'articles scientifiques à la rédaction de publications. 


Comment abordez-vous votre dernière année à l'école, après cette expérience ? Comment vous projetez-vous sur votre vie après l'école ? 


Ce stage a confirmé ma passion pour la recherche en IA et robotique !  

Après cette expérience, j’aborde la suite de mon parcours avec encore plus de motivation pour approfondir la recherche en intelligence artificielle. En partie grâce à ce stage, j’ai été admis au master MVA (Mathématiques, Vision et Apprentissage) de l’ENS Paris-Saclay, qui est particulièrement reconnu dans ce domaine, et je vais donc suivre cette formation l’année prochaine. Cela signifie que je ne serai pas en 3A à l’école, mais ce double parcours me permettra de compléter ma formation d’ingénieur avec une spécialisation académique de haut niveau, directement tournée vers la recherche en IA. 

Pour l’instant, mon avenir professionnel reste assez ouvert. Je suis très intéressé par la recherche en IA, que ce soit dans de grands groupes de la tech ou dans l’écosystème français qui est particulièrement dynamique, avec des startups comme Mistral ou Hugging Face qui m’attirent beaucoup. Je n’exclus pas non plus de poursuivre un PhD si une belle opportunité de recherche se présente. 

En parallèle, l’entrepreneuriat m’intéresse énormément : j’ai d’ailleurs participé récemment à la AI YC Startup School à San Francisco, ce qui a renforcé mon envie de peut-être lancer un projet à terme. 

Concernant le spatial, c’est un domaine qui me passionne toujours profondément. Je pourrais tout à fait envisager d’y appliquer mes compétences en IA, par exemple via des collaborations avec le CNES, l’ESA ou des acteurs privés. Disons que j’ai plein d’idées et que je garde les portes ouvertes entre recherche, industrie, startup et peut-être entrepreneuriat. 


La recherche d'un stage est un parcours souvent difficile. Quels conseils souhaitez vous donner aux élèves qui vont démarrer leur deuxième année ? 


Commencez très tôt ! J'ai commencé mes candidatures en septembre pour un stage d'été. N'hésitez pas à candidater à l'international, même si cela paraît intimidant. 

Personnalisez chaque candidature en montrant que vous comprenez les enjeux de l'organisation. Lisez leurs publications récentes, comprenez leurs projets en cours. Pour le JPL, j'avais étudié leurs missions actuelles et leurs défis en IA. 

Développez vos compétences techniques de manière proactive, notamment en IA et robotique qui sont très recherchées. Créez des projets personnels que vous pouvez présenter. Et surtout, ne vous découragez pas face aux refus : ils font partie du processus et chaque candidature est un apprentissage. 

Enfin, utilisez le réseau de l'école et des alumni, ils sont souvent très disposés à aider et peuvent ouvrir des portes inattendues. 


Un dernier mot ? 


Cette expérience à la Nasa a été transformatrice à tous les niveaux. Elle m'a non seulement permis de contribuer à des recherches de pointe, mais aussi de découvrir ma voie professionnelle et de créer des amitiés durables avec des personnes du monde entier, donc un premier réseau professionnel déjà efficace. 



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